Present-day usage with regard to certain titles is somewhat inconsistent. None the less, there can be little doubt that titles such as Mr, Mrs and Miss are employed much more extensively in the British and American press than in the German press. In English, as in French, the use of such titles convey an impression of gracious urbanity; in German, the effect tends to be ironic, Cf. H. Mundschau, Übersetzungskurs Französisch-Deutsch, p. 44 (Note 5).
JOHN DESMOND GALLAGHER – German-English Translation – p. 213
Polite French people still address cab drivers as Monsieur, while it would seem exaggerated to use Sir in a similar circumstance in, say, New York. [...] Referring to a passerby, in New York one would say That guy, while in Paris one would say Ce monsieur-là (ce mec-là would already be slang).
UMBERTO ECO –Experiences in Translation – Translated by Alastair McEwen – p.18
C’est, au demeurant, une très utile science que la science de l’entregent. Elle est, comme la grace et la beauté, conciliatrice des premiers abords de la société et familiarité; et par consequent nous ouvre la porte à nous instruire par les exemples d’autruy, et à exploiter et produire nostre exemple, s’il a quelque chose d’instruisant et communicable.
MICHEL DE MONTAIGNE – Livre premier – Chapitre treize: Ceremonie de l’entreveuë des roys - p. 90
Il y a une sorte de politesse qui est nécessaire dans le commerce des honnêtes gens: elle leur fait entendre raillerie, et elle les empêche d'être choqués et de choquer les autres par de certaines façons de parler trop sèches et trop dures, qui échappent souvent sans y penser, quand on soutient son opinion avec chaleur.
FRANÇOIS DE LA ROCHEFOUCAULD - Maximes, De la société
Dans les sociétés aristocratiques, où un petit nombre d’individus dirigent toutes choses, les rapports extérieurs des hommes entre eux sont soumis à des conventions à peu près fixes. Chacun croit alors savoir, d’une manière précise, par quel signe il convient de témoigner son respect ou de marquer sa bienveillance, et l’étiquette est une science dont on ne suppose pas l’ignorance. Ces usages de la première classe servent ensuite de modèle à toutes les autres, et, de plus, chacune de celles-ci se fait un code à part, auquel tous ses membres sont tenus de se conformer. Les règles de la politesse forment ainsi une législation compliquée, qu’il est difficile de posséder complètement, et dont pourtant il n’est pas permis de s’écarter sans péril; de telle sorte que chaque jour les hommes sont sans cesse exposés à faire ou à recevoir involontairement de cruelles blessures.
Mais, à mesure que les rangs s’effacent, que les hommes divers par leur éducation et leur naissance se mêlent et se confondent dans les mêmes lieux, il est presque impossible de s’entendre sur les règles du savoir-vivre. La loi étant incertaine, y désobéir n’est point un crime aux yeux mêmes de ceux qui la connaissent; on s’attache donc au fond des actions plutôt qu’à la forme, et l’on est tout à la fois moins civil et moins querelleur.
Il y a une foule de petits égards auxquels un Américain ne tient point; il juge qu’on ne les lui doit pas, ou il suppose qu’on ignore les lui devoir. Il ne s’aperçoit donc pas qu’on lui manque, ou bien il le pardonne; ses manières en deviennent moins courtoises, et ses mœurs plus simples et plus mâles.
ALEXIS DE TOCQUEVILLE – De la démocratie en Amérique – Tome second – Troisième partie – Chapitre trois – p. 239-240
Emma rendit la lettre; puis, au dîner, par savoir-vivre, elle affecta quelque répugnance.
(Emma gab den Brief zurück; beim Abendessen heuchelte sie anstandshalber Appetitlosigkeit.)
(Emma gave him back the letter; then at dinner, for appearance’ sake, she affected a certain repugnance.)
GUSTAVE FLAUBERT – Madame Bovary p. 260 (paru en 1857)
Elle avait maintenant une situation à n’avoir pas à dispenser d’autres grâces que celles que sa présence répandait. Mais habituée jadis à l’entregent, aux manèges, aux services à rendre, elle y persévérait bien qu’ils ne fussent plus nécessaires.
MARCEL PROUST – Sodome et Gomorrhe – Tome premier p. 137
Mais l’amabilité ne se manifeste pas chez tout le monde de la même façon. N’ayant pas été astreint par l’éducation aux mêmes règles fixes de savoir-vivre que les gens du monde, Cottard était plein de bonnes intentions qu’on ignorait, qu’on niait, jusqu’au jour où il avait l’occasion de les manifester.
MARCEL PROUST – Sodome et Gomorrhe – Tome premier p. 281
La politesse s'apprend comme la danse. Celui qui ne sait pas danser croit que le difficile est de connaître les règles de la danse et d'y conformer ses mouvements; mais ce n'est que l'extérieur de la chose; il faut arriver à danser sans raideur [...]
ALAIN (ÉMILE AUGUSTE CHARTIER)– Propos sur le bonheur – La politesse p. 205
Consideration for others, not only in great matters, but also in little everyday things, is an essential element in civilisation, without which social life would be intolerable. I am not thinking of mere forms of politeness, such saying ‘please’ and ‘thank you’: formal manners are most fully developped among babarians, and diminish with every advance in culture. I am thinking rather of willingness to take a fair share of necessary work, to be obliging in small ways that save trouble on the balance.
(Les égards dus à autrui - et ce, non seulement dans les grandes circonstances, mais encore dans les petites choses de la vie -, (et qui forment ce qu’on appelle en français le savoir-vivre) constituent ensemble un élement fondamental de la civilisation, élément sans lequel la vie en société ne serait pas supportable. En disant cela, je n’ai pas seulement en vue le simple respect d’une étiquette, comme celle qui exige que l’on dise “s’il vous plaît” ou “merci”: car c’est chez les barbares que les règles et les formules toutes faites de politesse trouvent leur expression la plus compliquée; et, de fait, elles perdent de leur rigidité à mesure que s’élève la civilisation. Non, ce que j’entends par là, c’est plutôt la bonne volonté de chacun à prendre une part honnête à la corvée des humains, à faire preuve envers autrui de ces petites prévenances qui font toute la différence et rendent en fin de compte à tous la vie plus agréable.)
BERTRAND RUSSEL – In Praise of Idleness – p. 140
Indem sie so über den Ölplatz hinsah, von welchem sich die Neujahrgratulanten, auf allerlei verunglückt, beinahe schon alle zurückgezogen hatten, kam auf einmal eine sehr kuriose Figur anspaziert: nämlich eine sehr alte, französische Mademoiselle, welche in der Residenz der Schrecken aller Kinder war, die bei ihr in die Schule gingen und die der armen Prinzessin mit ihren verdrehten und verzwickten Sitten und ihren vielen Regeln des guten Betragens und feinen Akzentes, die sie durch ihre spitze Nase hervortrompetete, auch manche qualvolle Stunde gemacht hatte, da sie früher Unterricht bei ihr hatte.
(Comme la princesse regardait le parvis enduit d’huile, duquel les passants venus souhaiter la bonne année avaient, après avoir fait maintes chutes, fini par se retirer complètement, elle vit soudain arriver un bien curieux personnage, qu’elle reconnut bientôt comme étant la vieille institutrice française, laquelle faisait dans le quartier la terreur de tous les enfants ayant classe avec elle et qui avait, à la pauvre princesse elle-même, à l’époque où celle-ci aussi avait été son élève, fait subir, par ses préceptes embrouillés et tordus comme par ses règles sans fin du savoir-vivre et du bon accent - règles qu’elle énonçait en les claironnant de sa voix nasillarde – plus d’un mauvais moment.)
CLEMENS BRENTANO – Das Märchen von den Märchen oder Liebseelchen p. 7
Die guten Manieren verschwinden in dem Maasse, in welchem der Einfluß des Hofes und einer abgeschlossenen Aristokratie nachlässt: man kann diese Abnahme von Jahrzehnt zu Jahrzehnt deutlich beobachten, wenn man ein Auge für die öffentlichen Acte hat: als welche ersichtlich immer pöbelhafter werden. Niemand versteht mehr, auf geistreicher Art zu huldigen und zu schmeicheln; daraus ergiebt sich die lächerliche Tatsache, dass man in Fällen, wo man gegenwärtig Huldigungen darbringen muss (zum Beispiel einem grossen Staatsmanne oder Künstler), die Sprache des tiefsten Gefühls, der treuherzigen, ehrenfesten Biederkeit borgt – aus Verlegenheit und Mangel an Geist und Grazie. So scheint die öffentliche festliche Begegnung der Menschen immer ungeschickter, aber gefühlvoller und biederer, ohne diess zu sein.
(Le degré de disparition des bonnes manières est en raison directe de celui de la diminution de l’influence qu’exercent sur la société la cour et l’aristocratie, - diminution qui, de décennies en décennies, se fait nettement sentir pour qui sait lire les documents officiels, lesquels apparaissent à chaque fois toujours plus maladroits et lourds. De fait, est-il encore quelqu’un aujourd’hui qui s’y entende en l’art de rendre hommage et de flatter avec finesse? Se trouve-t-on dans le cas de devoir présenter des hommages, par exemple à un grand homme d’état ou à un grand artiste, faute d’esprit et de grâce, on joint désormais à l’honnêteté petite-bourgeoise le langage de l’émotion. De sorte que les rencontres officielles, tout en étant de plus en plus maladroites, paraissent de plus en plus, mais sans l’être pourtant, remplies d’émotions et de braves sentiments.)
FRIEDRICH NIETZSCHE – Menschliches, Allzumenschliches – 250 - Manieren - p. 207