Souvent j’allais jadis aux guinguettes pour y voir danser le menu peuple: mais ses danses étaient si maussades, son maintien si dolent, si gauche, que j’en sortais plutôt contristé que réjoui.
JEAN-JACQUES ROUSSEAU – Les rêveries du promeneur solitaire – Neuvième promenade – p. 143 (publié en 1782)
La populace est le bas peuple, ce qu'il y a dans la société de moins distingué, de moins considéré ou de plus obscur [...] La canaille est une vile populace, une populace sans probité et sans honneur: aussi oppose-t-on d'ordinaire la canaille aux honnêtes gens.
PIERRE BENJAMIN LAFAYE - Dictionnaire des synonymes de la langue française [1858]
On se doute bien que c'est le peuple, et surtout le paysan, qui en pâtit [de la faim]. Sitôt que le prix du pain hausse, il n'y peut plus atteindre, et même sans hausse il n'y atteint qu'avec peine.
HIPPOLYTE TAINE - Les Origines de la France contemporaine, v, t. II, p. 217
Quand on a raison vingt-quatre heures avant le commun des hommes, on passe pour n'avoir pas le sens commun pendant vingt-quatre heures.
ANTOINE DE RIVAROL - Philosophie, «Fragments et pensées», Notes
Il faut être défiant, le commun des hommes le mérite, mais bien se garder de laisser apercevoir sa méfiance.
STENDHAL - Journal, p. 9
[...] l'aspiration naïve de l'homme du peuple vers la lumière; la révolte refoulée et l'action inutile que l'officier étouffait en lui [...]
ROMAIN ROLAND - Jean-Christophe, Dans la maison, i, p. 977.
Le mot peuple [...] avait un sens précis quand on pouvait rassembler tous les citoyens d'une cité autour d'un tertre, dans un Champ de Mars. Mais l'accroissement du nombre, le passage de l'ordre des mille à celui des millions, a fait de ce mot un terme monstrueux dont le sens dépend de la phrase où il entre; il désigne tantôt la totalité indistincte et jamais présente nulle part; tantôt le plus grand nombre, opposé au nombre restreint des individus plus fortunés ou plus cultivés [...]
PAUL VALÉRY - Regards sur le monde actuel (1931), p. 19.
La pauvreté peut galvaniser des courages, développer dans le cœur un sentiment de fraternité devant les menaces, de charité authentique qui est fréquent chez les gens du peuple et qui se raréfie à mesure qu'on gravit les barreaux de l'échelle bourgeoise. Mais la misère agit à la façon d'un acide : elle corrode tout. Au dernier degré, le misérable est comme la bête qui ne connaît que sa faim.
DANIEL-ROPS - Ce qui meurt et ce qui naît p. 137.
[...] semblable à ces gens dont le peuple dit plaisamment «qu’ils sont revenus de tout avant d’y avoir été».
JEAN-PAUL SARTRE – Critiques Littéraires (Situations I) – Aller et retour– p. 176