Le mot Francia désigne l'espace sur lequel règnent les rois des Francs, qui sera officiellement divisé après le Traité de Verdun en Francia orientalis et Francia occidentalis. Il désigne dans Nithard tantôt la grande France d'Est en Ouest, capitale Aix-la-Chapelle (IV, §1: «Aquis palatium, quod tunc sedes prima Frantie, erat»), tantôt la France de l'Ouest (II, §1 «Lodharius nuntios ubique presertim per totam Franciam mittit») («Francos» au même sens, les seigneurs du nord de Paris, III, §2). En général chez les auteurs du temps, l'espace de l'Est: Reich der Deutschen, est en latin Regnum Theutonicorum [...]
RENÉE BALIBAR – L'institution du français – p. 78
E vient a Ais, al meillor siéd de France
Chanson de Roland – Laisse 266 - 3706
«Lodhuvicus et Karolus in ciuitate quæ olim Argentaria vocabatur, nunc autem Strasburg vulgo dicitur, convenerunt.»
(Louis et Charles se retrouvèrent dans la cité autrefois nommée Argentaria, et aujourd’hui appelée strasbourg par le peuple.)
RENÉE BALIBAR – L'institution du français – p. 81
J'ay oy dire a monseigneur de Berry que en Auvergne a trop plus grosses cerises que en France, pour ce qu''ilz provingnent leurs cerisiers.
Le Mesnagier de Paris (vers 1393) – p. 430
D'ancienneté, les pays n'estoyent distinctz par lieues, miliaires, stades, ny parasanges, jusques à ce que le roy Pharamond les distingua, ce que feut faict en la manière que s'ensuyt. Car il
print dedans Paris cent beaulx et jeunes gallans compaignons bien delibéréz et cent belles garses picardes [...] leur faisant commandement qu'ilz allassent en divers lieux par cy et par là et, à
tous les passaiges qu'ilz biscoteroyent leurs garses, que ilz missent une pierre, et ce seroit une lieue.
Ainsi les compaignons joyeusement partirent, et, pource qu'ilz estoient frays et de séjour, ilz franfreluchoient à chasque bout de champ, et voylà pourquoy les lieues de France sont tant petites. Mais quand ilz eurent long chemin parfaict, et estoient jà las comme pauvres diables [...] ilz ne belinoyent si souvent et se contentoyent bien (j'entends
quand aux hommes) de quelque meschante et paillarde foys le jour. Et voylà qui faict les lieues de Bretaigne, de Lanes, d'Allemaigne et aultre pays plus esloignéz si grandes.
[Le Français] revient à sa compagne séculaire: la terre. C'est elle qui attache les Français à la France, beaucoup plus que les Français. Ils sont tant de peuples différents
qui travaillent depuis des siècles, côte à côte, sur cette brave terre, que c'est elle qui les unit: elle est leur grand amour.
Qu'est-ce que l'Hexagone ?
C'est la France.
Mais le mot « France », entaché d'une affectivité suspecte, petite-bourgeoise, tend à basculer vers le folklore; le langage
contemporain lui préfère celui d'Hexagone qui, dans sa pureté fonctionnelle, semble mieux adapté à la définition d'une grande nation moderne.
[…] même dans un pays aussi centralisé et linguistiquement unifié qu'est la France au nord de la Loire, il existe autant de langues que de groupes humains homogènes géographiquement ou socialement différenciés.