[...] lorsqu'on pense à la condition des sexes dans la société, pour les femmes on pense plutôt malheur, pour les hommes on pense plutôt embêtements.
HENRY MILLON DE MONTHERLANT - Les Jeunes filles, p. 167.
[...] je ne puis faire autre chose que prier les vertueuses Dames d'élever un peu leurs esprits par-dessus leurs quenouilles et fuseaux [...]
LOUISE LABÉ – Préface – Élégies et Sonnets – p. 94 – 24 juillet 1555
Mais la féminité se définit-elle? [...] Nous a-t-on donné assez de place pour exprimer notre originalité ou ne sommes-nous que la nymphe Écho de l'homme Narcisse amoureux de lui-même? Reflet, rêve de l'homme, source, muse, égérie, mère, putain, sorcière, quel on nous a déterminées? De quel on faut-il se protéger, se démarquer? S'appelle-t-il espèce? Société? Idée de Dieu?
MICHÈLE PERREIN - Entre chienne et louve (1978), p. 16
Les jeunes gens de l’un et de l’autre sexe pourraient encore y apprendre que l’amitié que les personnes de mauvaises mœurs paraissent leur accorder si facilement, n’est jamais qu’un piège dangereux [...]
CHODERLOS DE LACLOS – Liaisons dangereuses – Préface p. 30
Par maîtres-artisans, il y a lieu d'entendre les travailleurs autonomes de l'un et de l'autre sexe exerçant personnellement et à leur compte [...] accomplissant leur travail seul ou avec le concours de leur conjoint, des membres de leur famille, de compagnons ou d'apprentis.
Code du travail, Loi du 26 juil. 1925
Est considérée comme marin, pour l'application de la présente loi, toute personne, de l'un ou de l'autre sexe, qui s'engage, envers l'armateur ou son représentant, pour servir à bord d'un navire. Le personnel du navire est placé sous l'autorité du capitaine. Il se divise en trois catégories : le personnel du pont, le personnel des machines et le personnel des agents du service général.
Code du travail, Loi du 13 déc. 1926, art. 3.
Quiconque aura commis un attentat à la pudeur, consommé ou tenté avec violence contre des individus de l'un ou l'autre sexe, sera puni de la réclusion [...]
Code pénal, art. 332.
Sont électeurs, dans les conditions déterminées par la loi, tous les nationaux et ressortissants français majeurs des deux sexes, jouissant de leurs droits civils et politiques.
Constitution du 27 octobre 1946, Titre Ier.
Le compte de tutelle sera rendu au milieu émancipé assisté d'un curateur de l'un ou de l'autre sexe nommé par le conseil de famille.
Si la curatrice est mariée, elle devra obtenir l'autorisation de son mari.
Code civil, art. 480
Ce pouvoir justement n'a ni la forme de la loi ni les effets de l'interdit. Il procède au contraire par démultiplication des sexualités singulières. [...] Il ne l'exclut pas [la sexualité], il l'inclut dans le corps comme mode de spécification des individus. Il ne cherche pas à l'esquiver, il attire ses variétés par des spirales où plaisir et pouvoir se renforcent; il n'établit pas de barrage; il aménage des lieux de saturation maximale. Il produit et fixe le disparate sexuel. La société moderne est perverse, non point en dépit de son puritanisme ou comme par le contrecoup de son hypocrisie; elle est perverse réellement et directement.
Réellement. Les sexualités multiples – celles qui apparaissent avec les âges (sexualités du nourrisson ou de l'enfant), celles qui se fixent dans des goûts ou des pratiques (sexualité de l'inverti, du gérontophile, du fétichiste...), celles qui investissent de façon diffuse des relations (sexualité du rapport médecin-malade, pédagogue-élève, psychiatre-fou), celles qui hantent les espaces (sexualité du foyer, de l'école, de la prison) – toutes forment le corrélat de procédures précises du pouvoir. [...] Ces comportements polymorphes ont été réellement extraits du corps des hommes et de leurs plaisirs; ou plutôt ils ont été solidifiés en eux; ils ont été, par de multiples dispositifs de pouvoir, appelés, mis au jour, isolés, intensifiés, incorporés. La croissance des perversions n'est pas un thème moralisateur qui aurait obsédé les esprits scrupuleux des victoriens. C'est le produit réel de l'interférence d'un type de pouvoir sur les corps et leurs plaisirs. Il se peut que l'Occident n'ait pas été capable d'inventer des plaisirs nouveaux, et sans doute n'a-t-il pas découvert de vices inédits. Mais il a défini de nouvelles règles au jeu des pouvoirs et des plaisirs: le visage figé des perversion s'y est dessiné.
[...] L'implantation des perversions est un effet-instrument: c'est par l'isolement, l'intensification et la consolidation des sexualités périphériques que les relations du pouvoir au sexe se ramifient, se multiplient, arpentent le corps et pénètrent les conduites. Et sur cette avancée des pouvoirs, se fixent des sexualités disséminées, épinglées à un âge, à un lieu, à un goût, à un type de pratiques. [...]
[...] L'important, c'est que le sexe n'ait pas été seulement affaire de sensation et de plaisir, de loi ou d'interdiction, mais aussi de vrai et de faux, que la vérité du sexe ait été constitué comme un enjeu de vérité. [...] L'aveu de la vérité s'est inscrit au cœur des procédures d'individualisation par le pouvoir. [...] L'obligation de l'aveu nous est maintenant renvoyée à partir de tant de points différents, elle nous est désormais si profondément incorporée que nous ne la percevons plus comme l'effet d'un pouvoir qui nous contraint; il nous semble au contraire que la vérité, au plus secret de nous-mêmes, ne «demande» qu'à se faire jour; que si elle n'y accède pas, c'est qu'une contrainte la retient [...]
MICHEL FOUCAULT – La volonté de savoir – p. 64-66-76-79-80
Or, l'aveu est un rituel de discours où le sujet qui parle coïncide avec le sujet de l'énoncé; c'est aussi un rituel qui se déploie dans un rapport de pouvoir, car on n'avoue pas sans la présence au moins virtuelle d'un partenaire qui n'est pas simplement l'interlocuteur, mais l'instance qui requiert l'aveu, l'impose, l'apprécie et intervient pour juger, punir, pardonner, consoler, réconcilier; un rituel où la vérité s'authentifie de l'obstacle et des résistances qu'elle a eu à lever pour se formuler; un rituel enfin où la seule énonciation, indépendamment de ses conséquences externes, produit, chez qui l'articule, des modifications intrinsèques: elle l'innocente, elle le rachète, elle le purifie, elle le décharge de ses fautes, elle le libère, elle lui promet le salut.
MICHEL FOUCAULT – La volonté de savoir – p. 82
Elle [la vérité] ne réside pas dans le seul sujet qui, en avouant, la porterait toute faite à la lumière. Elle se constitue en partie double: présente, mais incomplète, aveugle à elle-même chez celui qui parle, elle ne peut s'achever que chez celui qui la recueille. À lui de dire la vérité de cette vérité obscure: il faut doubler la révélation de l'aveu par le déchiffrement de ce qu'il dit. Celui qui écoute ne sera pas simplement le maître du pardon, le juge qui condamne ou tient quitte; il sera le maître de la vérité.
MICHEL FOUCAULT – La volonté de savoir – p. 89
Le sexe, cette instance qui nous paraît nous dominer et ce secret qui nous semble sous-jacent à tout ce que nous sommes, ce point qui nous fascine par le pouvoir qu'il manifeste et par le sens qu'il cache, auquel nous demandons de révéler ce que nous sommes et de nous libérer ce qui nous définit, le sexe n'est sans doute qu'un point idéal rendu nécessaire par le dispositif de sexualité et par son fonctionnement.
MICHEL FOUCAULT – La volonté de savoir – p. 205