Il est bien des endroits où la pleine franchise
Deviendrait ridicule et serait peu permise;
Et parfois, n’en déplaise à votre austère honneur,
Il est bon de cacher ce qu’on a dans le cœur.
Serait-il à propos et de la bienséance
De dire à mille gens tout ce que d’eux on pense?
Et quand on a quelqu’un qu’on hait ou qui déplaît,
Lui doit-on déclarer la chose comme elle est?
MOLIÉRE – Le Misanthrope – Acte I, Scène 1 – p. 12
Mais qu’on y prenne garde! il y a en réalité ici deux hommes dans Alceste, d’un côté le «misanthrope» qui s’est juré maintenant de dire aux gens leur fait, et d’autre part le gentilhomme qui ne peut désapprendre tout d’un coup les formes de la politesse, ou même peut-être simplement l’homme excellent, qui recule au moment décisif où il faudrait passer à l’action, blesser un amour propre, faire de la peine.
HENRI BERGSON – Le rire p. 57
Si la fiction est excusable, c'est où il faut feindre de l'amitié; s'il est permis de tromper, c'est dans une occasion où il y aurait de la dureté à être sincère.
JEAN DE LA BRUYÈRE - Les Caractères, xiv, 36
À voir les ménagements dont j’usais, on m’aurait cru faux. On se fût trompé; je n’étais qu’honnête, cela est certain. [...] La bonté avec laquelle un homme nous traite nous attache à lui: ce n’est pas pour l’abuser qu’on lui cède, c’est pour ne pas l’attrister, pour ne pas lui rendre le mal pour le bien.
JEAN-JACQUES ROUSSEAU - Les Confessions, Livre second p. 84
Cette prétendue franchise à l'aide de laquelle on débite des opinions tranchantes ou blessantes est ce qui m'est le plus antipathique.
EUGÈNE DELACROIX - Journal, 8 mars 1849
Dans les relations mondaines, on cache sa pensée, on est poli et hypocrite, et on a bien raison.
JACQUES CHARDONNE - L'Amour du prochain, p. 133.
La dissimulation est la première veste de l'homme civilisé et la pierre angulaire de la société. Il nous est aussi nécessaire de cacher notre pensée que de porter des vêtements.
ANATOLE FRANCE - Le Mannequin d'osier, xii, p. 369
Un homme de premier mouvement, qui dit tout ce qui lui vient, qui s'abandonne au premier sentiment, qui marque sans retenue de l'étonnement, du dégoût, du plaisir, avant même de savoir ce qu'il éprouve, est un homme impoli; [...] l'homme poli est celui qui sent la gêne avant que le mal soit sans remède, et qui change de route élégamment; mais il y a plus de politesse encore à deviner d'avance ce qu'il faut dire et ce qu'il ne faut pas dire, et, dans le doute, à laisser au maître de la maison la direction des propos.
ALAIN (ÉMILE AUGUSTE CHARTIER)– Propos sur le bonheur – Savoir-vivre p. 208
Quand nous disons quelque vérité désagréable, avec une voix aigre et le sang au visage, ce n'est qu'un mouvement d'humeur, ce n'est qu'une courte maladie que nous ne savons pas soigner; en vain nous voulons ensuite y avoir mis du courage; cela est douteux, si nous n'avons risqué beaucoup, et d'abord, si nous n'avons pas délibéré.
ALAIN (ÉMILE AUGUSTE CHARTIER)– Propos sur le bonheur – Faire plaisir p. 211
J’ai remarqué bien des fois qu’aux États-Unis, ce n’est point une chose aisée que de faire entendre à un homme que sa présence importune. Pour en arriver là, les voies détournées ne suffisent point toujours. Je contredis un Américain à tout propos, afin de lui faire sentir que ses discours me fatiguent; et à chaque instant je lui vois faire de nouveaux efforts pour me convaincre; je garde un silence obstiné, et il s’imagine que je réfléchis profondément aux vérités qu’il me présente; et, quand je me dérobe enfin tout à coup à sa poursuite, il suppose qu’une affaire pressante m’excède, sans que je le lui dise, et je ne pourrai me sauver de lui qu’en devenant son ennemi mortel.
ALEXIS DE TOCQUEVILLE – De la démocratie en Amérique – Tome second – Troisième partie – Chapitre trois – p. 241
'Well, sometimes you have to let a round-about way of saying things pass, don't you? Some things can't be said straight out or it's just too gross. [...]'
DAVID FOSTER WALLACE - The Pale King - p-462
C'est une disposition très agréable que le désir de plaire; mais elle diffère pourtant beaucoup du besoin d'être aimé: […]: on pourrait désirer de plaire à ceux même à qui l'on ferait beaucoup de mal, et c'est précisément ce qu'on appelle de la coquetterie; cette coquetterie n'appartient pas exclusivement aux femmes, il y en a dans toutes les manières qui servent à témoigner plus d'affection qu'on n'en éprouve réellement. La loyauté des Allemands ne leur permet rien de semblable; ils prennent la grâce au pied de la lettre, ils considèrent le charme de l'expression comme un engagement pour la conduite, et de là vient leur susceptibilité; car ils n'entendent pas un mot sans en tirer une conséquence, et ne conçoivent pas qu'on puisse traiter la parole en art libéral, qui n'a ni but ni résultat que le plaisir qu'on y trouve. L'esprit de conversation a quelquefois l'inconvénient d'altérer la sincérité du caractère; ce n'est pas une tromperie combinée, mais improvisée, si l'on peut s'exprimer ainsi.
MADAME DE STAËL – De l’Allemagne (XI - p. 103)
Goethe fait dire dans son roman de Wilhelm Meister, à une femme allemande, qu'elle s'aperçut que son amant voulait la quitter parce qu'il lui écrivait en français. Il y a bien des phrases en effet dans notre langue pour dire en même temps et ne pas dire, pour faire espérer sans promettre, pour promettre même sans se lier. L'allemand est moins flexible, […]
MADAME DE STAËL - De l'Allemagne (1813) - (XII p. 113)
Lucien ignorait avec quel art le oui s’emploie dans le beau monde pour arriver au non, et le non pour amener un oui.
HONORÉ DE BALZAC – Illusions Perdues – Première partie p. 90
Aber man muß Ohren haben zu hören – der französische Mensch reagiert viel feiner, sein Seismograph schlägt bei der leichtesten Erschütterung haargenau aus. Ich habe immer gefunden, daß der Deutsche – ich auch – viel zu grob mit den Franzosen spricht; nicht etwa, daß er sich rüplig benimmt, sondern er ist grob, so wie ein Raster, ein Sieb zu groß ist – man braucht einfach eine Nummer feiner. Sie genügt auch. Ja: die grobe wird gar nicht verstanden. Die Franzosen fühlen auf dreihundert Meter gegen den Wind, daß jemand unzufrieden, entschlossen, unnachgiebig ist – man braucht ihnen das gar nicht erst ausdrücklich mitzuteilen. Es genügt, ganz leise anzuspielen... Ball, Bande, Ball – es kommt an.
Und er wird, umgekehrt, genau so reagieren. Sein „Ja“ ist kein rocher de bronze, sein „Nein“ kein wilder Entrüstungsschrei. Da, wo es nicht mehr weiter geht, sagt er es, aber leise, ohne Geschrei, ohne Anrufung der Gesetzbücher und anderer Polizeiheiligen. „Ah – ça... je ne peux pas vous le garantir...“ Dann weiß man: Es ist aus.
KURT TUCHOLSKY – Sprache ist eine Waffe p. 104 – Peter Panter (1925)
[...] Li kennt die kulturell bedingten Missverständnisse: Die von ihr geschätzte deutsche Tugend “Genauigkeit” beispielsweise sei im Smalltalk mit Chinesen eher fehl am Platze: “Wenn ein Chinesischer Geschäftsmann seinen Deutschen Kollegen etwa fragt: “Wie groß ist Ihr Büro?” erwartet er keine genaue Quadratmeterangabe.” Die typisch Deutsche Reaktion sei nämlich oft ein perplexes “Ich weiß es nicht”, da der Angesprochene höchstwahrscheinlich nie sein Büro ausgemessen hat. “Der Chinese wollte mit seiner Frage jedoch nur sein Interesse am Beruf und dem Arbeitsumfeld des Anderen bekunden. “Also einfach einen Vergleich ziehen und etwa sagen: “Ungefähr so groß wie dieser Raum in dem wir uns befinden”, rät Li.
Gerade die konkrete Ausdrucksweise der Deutschen is für Chinesen eher ungewohnt. “Und es wird nicht sehr geschätzt, zu einer “Ja” – oder “Nein”-Antwort gedrängt zu werden. Das wird schnell als grob empfunden”, erklärt Oehring.
Die Chinesen machten mehr Worte und umschreiben ihre Meinung lieber. Allerdings warnt Korinna Oehring, sich nicht von der Sprache täuschen zu lassen. Auch wenn sich Chinesen gern blumig bis ausweichend ausdrücken, “hinsichtlich ihrer geschäftlichen Ziele wissen sie genau, was sie wollen. [...]
Chinesisch für Anfänger – Wer im Reich der Mitte zurechtkommen möchte, braucht nicht nur Sprachkenntnisse, sondern muss auch die Mentalität verstehen.
YVONNE SCHELLER - Berliner Morgenpost - 18. Mai 2008
Francesco Francia ist ein gar respektabler Künstler, Peter von Perugia ein so braver Mann, daß man sagen möchte, eine ehrliche deutsche Haut.
JOHANN WOLFGANG VON GOETHE – Italienische Reise – Bologna, den 18. Oktober 1786, p. 103
„Die Wahrheit muss gesagt werden, und wenn die Welt in Stücke gehen sollte!“ – so ruft, mit großem Munde, der große Fichte! – Ja! Ja! Aber man müsste sie auch haben! – Aber er meint, Jeder solle seine Meinung sagen, und wenn Alles drunter und drüber ginge. Darüber ließe sich mit ihm noch rechten.
(La vérité doit être dite, le monde dût-il s’écrouler ! – Tel est l’appel, à grands cris, du grand Fichte ! – Certes, mais encore faut-il l’avoir, la vérité ! – Mais ce n’est pas ce qu’il voulait dire ; il entendait par là que chacun dît son avis, dût tout se retrouver sens dessus dessous. Sur quoi il est permis de discuter)
FRIEDRICH NIETZSCHE – Morgenröte – 353 Redefreiheit p. 240
Und wenn darüber alles zugrunde ginge, muß man sein gutes Recht ausüben!
HERMANN BROCH – Die Schlafwandler – Huguenau oder die Sachlichkeit – S. 609