[...] et je regarderais comme un grand malheur pour le genre humain que la liberté dût en tous lieux se produire sous les mêmes traits.
ALEXIS DE TOCQUEVILLE – De la démocratie en Amérique – Tome premier – Deuxième partie – Chapitre neuf – p. 465
Un peuple composé de véritables individualités n'est pas très religieux, ni très passionné, ni doué pour les organisations collectives. On le constate en France.
[...] mais un des caractères du génie est de ne pas traîner sa pensée dans l'ornière tracée par le vulgaire.
STENDHAL - Le Rouge et le Noir, II, xviii
Dans les démocraties actuelles, de plus en plus de citoyens libres se sentent englués, poissés par une sorte de visqueuse doctrine qui, insensiblement, enveloppe tout raisonnement rebelle, l'inhibe, le trouble, le paralyse et finit par l'étouffer. Cette doctrine, c'est la pensée unique, la seule autorisée par une invisible et omniprésente police de l'opinion. [...]
Qu'est-ce que la pensée unique? La traduction en termes idéologiques à prétention universelle des intérêts d'un ensemble de forces économiques, celles, en particulier, du capital international. Elle a été, pour ainsi dire, formulée et définie dès 1944, à l'occasion des accords de Bretton-Woods.
IGNACIO RAMONET - «La pensée unique», in Le Monde diplomatique, janv. 1995, p. 1.
En ce temps de suffrage universel, de conduite des affaires et de gouvernement du pays par tous les citoyens, jamais, jamais, la volonté d'un seul, qu'il soit Favre ou Thiers, n'aura disposé plus despotiquement des destinées de la France, et dans une ignorance plus entière de tous ses citoyens, sur tout ce qui se passe, sur tout ce qui se fait en leur nom.
EDMOND et JULES HUOT DE GONCOURT - Journal, 27 févr. 1871, t. IV, p. 174
Autre grave danger des doctrines: ceux qui en font la justification de leurs pouvoirs ont toujours tendance à les imposer comme des articles de foi soustraits à toute discussion.
GASTON BOUTHOUL - Sociologie de la politique, p. 100
[...]: ne pas résoudre le discours dans un jeu de significations préalables; ne pas s'imaginer que le monde tourne vers nous un visage lisible que nous n'aurions plus qu'à déchiffrer; il n'est pas complice de notre connaissance; il n'y a pas de providence prédiscursive qui le dispose en notre faveur. Il faut concevoir le discours comme une violence que nous faisons aux choses, en tout cas comme une pratique que nous leur imposons [...]
MICHEL FOUCAULD – L'ordre du discours – p. 55
Par pouvoir, il me semble qu'il faut comprendre d'abord la multiplicité des rapports de force qui sont imanents au domaine où ils s'exercent, et sont constitutifs de leur organisation [...] Le pouvoir est partout; ce n'est pas qu'il englobe tout, c'est qu'il vient de partout. [...] les relations de pouvoir sont à la fois intentionnelles et non subjectives. [...]
MICHEL FOUCAULD – Histoire de la sexualité – La volonté de savoir – p. 121